Il n’existe plus aucun doute sur le fait que le projet d’une entreprise repose entre les mains de ses collaborateurs. Leur engagement est donc un facteur décisif quant à la pérennité de la croissance des sociétés où ils travaillent, et la réussite des édifices qu’elles cherchent à construire. Nombreuses sont les études qui mesurent cet engagement en France, et en 2018, une autre s’ajoute : celle de WeSpire, menée auprès de 1500 salariés aux Etats-Unis.
Parmi les employés interrogés, 58% recherchent activement un nouvel emploi ou sont ouverts à de nouvelles opportunités. Pourquoi cherchent-ils à quitter leur poste et/ou leur entreprise ? Peut-être qu’une partie de la réponse réside dans ces constats : uniquement 32% parmi les interrogés se sentent engagés, et les 78% des personnes désengagées se plaignent d’une inexistante stratégie d’engagement officielle chez leurs employeurs. Cette démotivation dégage une négativité contagieuse, elle affecte la culture de l’entreprise et diminue la productivité ainsi que le moral des autres employés. En moyenne, aux USA, elle coûte entre 450 et 550 milliards de dollars par an. Ceci dit, à tout problème sa solution. Dans ce cas, l’engagement par les valeurs constitue une réponse aux besoins et envies dont témoignent les collaborateurs puisque 86% d’entre eux ont dit préférer travailler pour une organisation qui a un impact positif dans le monde.
Les valeurs exogènes, diffusées à l’intention des clients, fournisseurs, et partenaires dans le but de construire et promouvoir l’image de l’entreprise, ne suffisent plus. Place aux valeurs endogènes, émises et transmises en interne, forgeant un socle identitaire commun sur lequel reposent les visions, philosophies, principes, attitudes et comportements de tous les acteurs impliqués. Nous avons déjà évoqué la responsabilité sociale des entreprises – enjeu dont elles peuvent de moins en moins faire l’impasse – et des services clés qu’elles rendent à l’environnement comme chez Konica Minolta, L’Oréal, et Carglass. Néanmoins, comment concrètement impliquer ses collaborateurs directement dans ce genre d’actions afin de stimuler leur engagement ?
Engagement par les valeurs : le programme “Certification d’Espace de Travail Vert” chez Sony Electronics
Sony Electronics, une des branches les plus importantes du groupe Sony, a lancé une initiative à l’intention de ses employés afin de les motiver à faire des choix qui s’inscrivent dans une logique de développement durable, et de les impliquer dans leurs politiques d’actions.
A l’interne, les collaborateurs ont alors eu l’opportunité de participer à la mise en place de bureaux et d’espaces de travail plus favorables à l’environnement, un bac recyclable est désormais disponible, et les tasses de café sont réutilisables et plus en plastique/carton. Pour intégrer une culture écologique, c’est effectivement par des actions simples que commence Sony Electronics, et encourager ses employés à assister aux réunions, événements et séances de bénévolats organisés par l’entreprise et son équipe verte.
Ceci dit, pour valider cette certification, l’entreprise empreinte la méthode de la learning gamification en créant un jeu divisé en quatre niveaux nommés “Graine”, “Feuille”, “Arbre”, et “Forêt”. Une fois certifié, la récompense offerte à chaque collaborateur est surprenante : 50 arbres sont plantés en leur honneur, et ils reçoivent une plaque nominale professionnelle verte, en signe de reconnaissance pour leurs efforts à l’intention du développement durable. En attendant qu’ils relèvent les défis de ce jeu, un classement modifiable des équipes a lieu, un conseil de leadership est mis en place, et le progrès de chacun défile en direct sur un tableau que tout le monde peut observer. Belle technique de sensibilisation et d’implication qui est, en même temps, un exercice d’intelligence collective, notamment favorable au resserrement des liens entre les employés.
L’évolution du nombre de participants est mesurée, et l’impact de ces actions collectives sur l’environnement aussi. A la suite des 6 premiers mois, les économies environnementales ont été équivalentes à plus de 3 500 dollars au niveau des émissions, de l’énergie, de l’au, du carburant et des déchets.
Engagement par les valeurs : Pernod Ricard le fait depuis 7 longues années
Ce n’est pas une nouveauté pour le fabricant français de vins et spiritueux. Toutes les années, durant la semaine européenne du développement durable, du 30 mai au 5 juin, Pernod Ricard organise le Responsib’All Day : depuis 2011, tous les 1ers juin, les 18 500 collaborateurs des 87 filiales impliquées mettent de côté leurs tâches quotidiennes pour exclusivement accomplir des actions de terrain, et en profiter pour soutenir les communautés locales. Depuis, plus d’un million d’heures ont été dédiées à ce projet d’engagements sociétaux pour prouver leur devise “vivre mieux, ensemble”, ce qui équivaut à 103 initiatives accomplies jusqu’à maintenant, auprès de 100 communautés à travers le monde.
Cette année, à Paris, c’est au service des abeilles que les 400 employés du groupe et de sa filiale EMEA ont décidé de se mettre. Cette activité, en un jour, va contribuer à augmenter la production de miel dans la capitale, de 5 à 10% en 3 ans. Mais préserver la biodiversité et économiquement aider le pays ne sont pas les seules raisons pour lesquelles Pernod Ricard se lance ! Des enquêtes d’engagement sont souvent conduites dans l’entreprise, et justement, après cette action, 95% se sont dit “fiers d’être associés à leur entreprise” et 93% ont déclaré “soutenir pleinement les valeurs du groupe”.
“C’est important de se sentir utile, de faire quelque chose de ses mains. L’engagement RSE de l’entreprise est quelque chose de très important pour moi et je le vois aussi chez les candidats que je rencontre. Ils l’évoquent à chaque fois qu’on les interroge sur leurs motivations” témoigne Marguerite, apprentie RH.
Auteur(s)
- Margaretta El Khoury
Passionnée par les innovations managériales et les éternelles révolutions du monde du travail, j'accompagne les sociétés dans l'évolution de leurs organisations et leurs pratiques. Bref, Tocqueville le jour, Hemingway la nuit !