Parmi les dernières tendances anti-burnout, le Chief Happiness Officer a fait son apparition. Traduit en français par le titre de « responsable du bonheur », cette personne est responsable de s’assurer du bien-être des collaborateurs sur leur lieu de travail ainsi que dans leur vie personnelle. L’utilité de cette nouvelle profession part du postulat qu’elle permet à un salarié de travailler l’esprit sain. En effet un salarié heureux serait “deux fois moins malade, 6 fois moins absent, 9 fois plus loyal, 31% plus productif et 55% plus créatif.” d’après une étude du MIT et de Harvard rapportée par Laurence Vanhée, dans son ouvrage Happy RH. Recette miracle ou investissement superflu ? Eléments de réponses ci-dessous !
Les origines du Chief Happiness Officer
Une fois n’est pas coutume, cette nouvelle approche est importée du monde anglo-saxon. Elle est née aux Etats-Unis dans la Silicon Valley et a été inventée par un ingénieur de Google. Cet ingénieur décida de changer de carrière pour se concentrer sur le développement des salariés. Il inventa à l’époque le rôle de jolly good fellow. Ce rôle de “super bon camarade” s’est répandue dans l’Hexagone ces dernières années, tout d’abord dans les PME et start-up, et aujourd’hui dans certains grands groupes.
Les rapports sur des thématiques liées au bonheur au travail se multiplient, signe d’une prise en compte croissante de ces problématiques au sein des organisations. De ce point de vue, le CHO se différencie du responsable des ressources humaines. Un Chief Happiness Officer dispose en effet d’un budget spécifique lui permettant de réaliser des investissements dans des activités diverses favorisant le bien-être des collaborateurs. Les formations destinées à tous ou encore les cours de yoga collectifs en sont de parfaits exemples. Zen donc !
Un renouvellement bénéfique pour l’entreprise
Le poste de Chief Happiness Officer doit donc s’insérer de manière cohérente au sein de l’entreprise. Les traditionnelles techniques de gestion basées sur des rapports hiérarchisés sont de plus en plus remises en cause, en partie pour leur inertie et leur inefficacité. Du point de vue de l’entreprise, certains dirigeants sont convaincus du fait qu’une bonne ambiance de travail et un bon rythme de vie permettent d’augmenter productivité, créativité, attachement à l’entreprise, rétention des éléments clefs et promotion de la culture de travail. Le CHO de Kikai Mining, Arnaud Collery, s’est fait remarquer lors d’une conférence TED à Aruba sur le sujet, critiquant le “management by fear” notamment.
La classique fonction de directeur des ressources humaines est parfois remise en cause pour son manque d’humanité. Certains RH sont soumis à des contraintes organisationnelles et budgétaires qui ne leur permettent pas d’apprécier ni de prendre en compte dans son ensemble la condition psychologique d’un salarié. A l’inverse, un Chief Happiness Office doit assurer le vivre-ensemble.
Le CEO de Zappos Tony Hsieh est convaincu que ce rôle est primordial pour la bonne performance d’une entreprise. L’auteur de l’ouvrage Delivering Happiness est également connu pour avoir instaurer une culture d’entreprise basée sur l’innovation sur le lieu de travail. Pas de bureaux attitrés et des événements organisés fréquemment sont la recette miracle de l’entreprise !
Dans un contexte où l’équilibre de la balance entre vie personnelle et vie professionnelle compte de plus en plus, le CHO peut se poser comme un vrai médiateur entre un salarié et ses supérieurs hiérarchiques en cas de conflit par exemple.
Chez Uptoo, il y a même deux CHO, un par site de travail. Ces derniers sont élus par les salariés pour un mandat de 6 mois. Ils sont en charge de la convivialité dans l’entreprise de manière générale, mais n’interviennent pas de manière individuelle, contrairement aux délégués du personnels par exemple. L’idée est vraiment de créer du lien entre les collaborateurs afin de faire en sorte qu’ils soient heureux d’arriver le matin au travail. Et cela peut aller de l’organisation du séminaire annuel à l’organisation d’olympiades de déjeuner hebdomadaires, de parrainages pour les nouveaux arrivants ou encore d’espace games…
OVH, startup française en plein essor, a aussi choisi de mettre en place un Chief Happiness Office, Florent Voisin. D’après lui, le bonheur au travail mène à un plus grand empowerment des collaborateurs. Comme il le dit : ” Le bonheur, ça ne se décrète pas. Mais ça se cultive. “
Une fonction controversée mais qui attire
Ce nouveau concept est parfois critiqué, notamment pour sa superficialité. Certains ne voient dans ce métier qu’un nom enjolivé qui profite à l’attractivité de l’entreprise tout en cachant le fait que ce travail est similaire à celui d’un assistant de direction ou d’un office manager.
Malgré les critiques, des start-up telles que Woohoo ont décidé de proposer des services de conseil dans ce domaine. L’entreprise propose d’apporter une expertise à certains grands groupes. Le fondateur Alexander Kjerulf est convaincu que le monde du travail dans son ensemble devient de plus en plus conscient de la nécessité d’améliorer les conditions de travail des employés.
Chez Kiabi, il y a une responsable de l’happy culture. Cette personne s’assure du bien-être de ses salariés en les enchantant au quotidien. L’entreprise a par exemple développé des ateliers de communication non violente afin que les salariés se parlent de manière constructive et responsable.
Ineat est un exemple d’entreprise ayant fait appel à un Chief Happiness Officer. L’entreprise spécialiste de la transformation digitale a comme enjeu de fidéliser ses collaborateurs dans un secteur concurrentiel. Pour cela, le CHO joue un rôle primordial. Il permet aux salariés de se sentir comme à la maison et ainsi participe à la création d’une atmosphère dynamique de travail. La méthode a fait ses preuves ! Peu de démissions et un fort appel à la cooptation, les salariés se sentant bien deviennent donc des ambassadeurs de l’entreprise !
La fonction publique est également touchée, comme le montre l’exemple de Laurence Vanhee qui a été CHO par le passé au ministère belge de la sécurité sociale. Ce métier parfois décrié pourrait donc se révéler être clef dans l’évolution du monde du travail de demain. Une nette augmentation des propositions d’offres d’emplois dans ce domaine a d’ailleurs été observée ces dernières années ! Don’t worry be happy !
Auteur(s)
- Change the work
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