Cinq bonnes pratiques RH qui ont fait leurs preuves

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Après une année 2021 que l’on peut qualifier d’intense pour les responsables RH, 2022 montre déjà les premiers signes d’une année atypique. Heureux ceux qui sauront s’adapter à une situation économique ou le futur ne peut que s’écrire au présent. 

Dans cet article, nous avons choisi de ne pas énoncer une liste de bonnes résolutions ni de procéder à un difficile décryptage des prochaines tendances RH de 2022. Au lieu de cela, voici quelques exemples concrets de bonnes pratiques qui ont déjà fait leurs preuves dans l’univers RH ; innovantes pour certaines, efficaces pour les autres, nous espérons qu’elles seront pour vous source d’inspiration pour 2022. Et peut-être aussi pour la suite ? 

FedEx : QVT au carré

Le transporteur spécialisé américain FedEx est une entreprise dont le succès est basé sur la rationalité, la ponctualité et la rentabilité, et ce n’est pas Tom Hanks qui dira le contraire

Pour contrebalancer les effets néfastes de la contrainte horaire du “always on time” imposée à ses livreurs et logisticiens, le géant de Memphis s’est lancé dans une série d’études sur la qualité de vie au travail dès le début des années 1970. En synthèse, l’entreprise a découvert que des employés qui considèrent que leur voix est écoutée sont 2,5 fois plus productifs que dans le cas inverse. Autre conclusion — et non des moindres — : les salariés qui sentent réellement qu’ils font partie de l’entreprise comme on fait partie d’une famille sont 37 % plus enclins à faire le petit effort en plus — “l’extra mile” — pour satisfaire le client final.

En 1973, FedEx a développé — et pratique toujours — sa philosophie People-Service-Profit qui consiste à prendre le plus possible soin des salariés. L’entreprise évalue la satisfaction de ses employés grâce à son programme annuel Survey Feedback Action (SFA). Chaque début d’année, direction et employés se réunissent pour discuter des résultats de l’enquête, aborder les problèmes et décider des actions à mener. 

Groupe Integer : happy, happier, happiest

Integer est une agence de marketing de taille mondiale qui fait partie du groupe Omnicom. En 2015, faisant face à un taux de turn-over record qui plombait sa réputation et ses profits, l’agence a décidé de prendre à revers les clichés, les pratiques — et les réalités — du monde des agences digitales : bas salaires, basses besognes, tyrannie de l’annonceur, horaires à rallonge et faibles possibilités d’évolution. 

Le programme Totally happy at work a été déployé en quelques mois seulement pour inverser la tendance de manière holistique : congés payés supplémentaires, mise en place d’un système de primes et bonus pour tous les salariés, systématisation des évènements de type team building pour recréer du lien entre les équipes, séminaires créatifs basés sur le design thinking et, surtout, mise en place d’un vrai plan de formation aux nouveaux métiers du digital, comme la data ou le UX design. Selon Nancy Svoboda, responsable des ressources humaines d’Integer, « des employés heureux rendent les clients heureux ; nous avons mis du temps à le comprendre, mais maintenant, c’est chose faite ».

Même état d’esprit chez Eileen Fisher, la marque de vêtements haut de gamme dont les salariés doivent être « irréprochables à chaque point de contact avec la clientèle ». Les employés bénéficient de primes annuelles équivalant à quatre semaines de salaire et d’une prime « bien-être et développement personnel ». L’accent mis par l’entreprise sur des employés heureux a favorisé le développement d’une marque réputée pour la qualité de ses produits et de son service client.

Coinbase et The Kooples : mieux vaut former que recruter

La formation continue est d’ailleurs un des grands enjeux pour les entreprises, notamment dans le secteur Tech/IT, et ceci pour deux raisons : fidélisation et productivité. C’est un chiffre qui, maintenant, est connu de tous : 60 % des métiers de 2030 n’existent pas encore ! Et l’obsolescence des compétences ne touche pas uniquement les seniors : selon une étude du CEDEFOP (European Centre for the Development of Vocational Training), 21 % des 30-39 ans se sentent distancés par les évolutions du monde du travail. 

Voilà pourquoi des startups comme Coinbase (la très populaire plateforme de vente et d’achat de cryptomonnaies) ou des grands groupes mettent en œuvre une politique de formation de plus en plus dynamique, diversifiée et souple pour les collaborateurs. Elles n’hésitent pas à nouer des partenariats avec des plateformes mondiales d’e-learning, comme Udemy, pour que la formation s’inscrive dans le workflow quotidien de chaque collaborateur. Et chez Schneider Electric, ce sont plus de 250 formations accessibles à tous en permanence pour « rester à la pointe de son métier ». 

C’est également la stratégie choisie par la chaîne de prêt-à-porter The Kooples pour réduire son turn-over et améliorer l’accueil en magasin. The Kooples a conçu un programme de formation autour de trois axes pédagogiques majeurs — le cérémonial de vente, les produits, et les inspirations des collections —, uniquement accessible à tout moment depuis un smartphone et avec une volonté de coller le plus possible aux besoins de l’apprenant. 

Ce programme de microlearning est construit sur le concept du learner centric. Résultat : 91 % des vendeurs sont satisfaits de la solution de mobile learning proposée, 86 % des apprenants maîtrisent mieux leur métier et 69 % des connaissances métier sont assimilées durablement. 

Sage : partager ses profits

Sage Medical Products, Inc. est une société de vente et de distribution de produits médicaux et de soins de santé qui intègre la participation aux bénéfices et l’actionnariat salarié dans son modèle d’entreprise. Cette best practice RH est un moyen concret pour Sage Medical Products, Inc. de montrer qu’elle apprécie ses employés. L’entreprise offre également de nombreux autres avantages aux employés, tels que le dépistage du cancer du sein (ils produisent les machines) ou une mutuelle personnalisée qui s’étend également aux familles des employés. Ces derniers peuvent également profiter d’un centre de fitness et de terrains de sport, entre autres avantages. 

En France, l’actionnariat salarié est un dispositif permettant aux employés de prendre pleinement part à la vie financière de leur entreprise. Ils sont ainsi salariés et actionnaires. La loi Pacte de 2017 (et 2019) en facilite la mise en place. Dans le secteur de l’innovation de rupture, que l’on appelle aussi la deeptech, de nombreuses startups comme Omini (biologie médicale) ou InBolt (outillage intelligent) misent largement sur l’actionnariat salarié pour motiver et souder leurs équipes. 

Kayak et Air Liquide : s’engager de manière solide pour stimuler l’engagement 

« Un collaborateur engagé en vaut deux », dit désormais le dicton. Le taux de désengagement des salariés français a atteint un niveau record en 2021 : celui de 91 %, selon Hub BPI. Un paradoxe alors que la majorité des entreprises françaises affirment porter la plus grande attention à la QVT ou à l’autonomie des salariés. Un chiffre qui traduit en tout cas la difficulté des entreprises à traduire en résultats les promesses de leur marque employeur. 

Pour pallier ce désengagement, l’une des pratiques RH appropriées consiste à aider les salariés à évoluer en interne et à accéder à des sphères d’intervention mieux adaptées à leurs aspirations. 

Air Liquide se positionne sur cet axe en promouvant le job crafting, cette pratique qui consiste à laisser chaque salarié façonner les contours de son poste pour le rendre plus intéressant. C’est un engagement fort pris par la multinationale dans une industrie aux pratiques plutôt old school. En outre, chaque salarié change de poste tous les trois ans, toutes activités confondues.

Dans un registre plus Web 3.0, le fondateur du comparateur de voyage Kayak, Steve Hafner, propose à ses salariés de « réveiller l’entrepreneur qui sommeille en chacun d’eux » à l’aide d’un programme d’intraprenariat destiné à intensifier le travail en mode projet qui offre deux avantages : 

  • favoriser l’autonomie renforcée des collaborateurs dont la créativité est sollicitée et qui sont conscients de bénéficier de la confiance de leur management ;
  • pour l’entreprise, identifier de nouvelles compétences chez ses collaborateurs et tester des initiatives susceptibles de se pérenniser en cas de succès.

Talentsoft : recruter de manière innovante

L’innovation en matière de recrutement est cruciale dans les secteurs pénuriques comme le digital ou les métiers manuels et commerciaux. Parfois même, les candidats sont ultradiplômés et reçoivent ainsi une multitude de propositions, et adoptent des critères exigeants de sélection des offres ; c’est ce que l’on appelle la guerre des talents. D’où la nécessité de se démarquer pour aller capter les meilleurs talents là où ils sont et mieux cibler ses recrutements. 

L’utilisation des réseaux sociaux est bien sûr la base. Outre LinkedIn, des entreprises comme la SNCF ou Adecco n’hésitent pas à investir Tik Tok et Snapchat pour dénicher leurs futurs collaborateurs lors de challenges tous plus créatifs les uns que les autres.

D’autres entreprises s’invitent carrément sur les lieux de travail ou les itinéraires des candidats passifs. Michel et Augustin, une marque qui s’est fait connaître par son ton candide et décalé, n’hésite pas à faire campagne dans le métro parisien. Sixt recrute 50 commerciaux pendant le SixtJobDay, une journée de recrutement rythmée par des séances de massage et des défis multisports. Et Microsoft pousse l’audace jusqu’à offrir le petit-déjeuner aux talents en poste chez son concurrent Amazon, au pied de son siège à Seattle.


Plus geek, l’armée australienne, en quête de profils scientifiques, perspicaces et peu enclins aux solutions toutes faites, opte pour l’audace dans ses pratiques RH et dissimule le contact du recruteur dans une formule mathématique ! L’éditeur de logiciels RH de gestion des talents Talentsoft mise, lui, sur le sens de la stratégie développée par les adeptes de certains jeux vidéo particulièrement élaborés et sur leur capacité à évoluer dans des contextes virtuels complexes. L’entreprise a recruté un marketing manager alors qu’il streamait sur League of Legends depuis la plateforme Twitch.

Auteur(s)

  • Rédactrice en chef de Change the Work, j'explore le travail sous toutes ses coutures en espérant montrer l'importance du métier RH dans l'entreprise de demain...

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