Le slow recrutement

le slow recrutement, ou comment prendre son temps pour créer du lien avec ses candidats

Prendre son temps à l’heure où tout va trop vite.

Envie d’un bon plat livré chez vous ? Quelques secondes sur un site de livraisons de repas en ligne. Envie d’une rencontre d’un soir ? Un Swipe sur une application de rencontre. Envie de n’importe quel livre ou gadget électronique ? Quelques clics sur un site e-commerce.

Tout, ou presque, peut aujourd’hui s’obtenir en un clic. Cette facilité a des avantages et nous fait certes gagner du temps mais elle a aussi ses côtés obscurs : création d’emplois précaires, difficultés relationnelles ou disparition de petits et moyens commerces.

Cette rapidité a aussi pour corollaire une attention réduite tant dans la sphère personnelle que professionnelle. Le temps c’est de l’argent et capter l’attention d’une personne, un luxe.

Le libéralisme de l’attention poussé à son paroxysme ! 

La rapidité exigée par les candidats et les salariés

C’est aujourd’hui la même chose concernant les relations entre les salariés et leurs entreprises : tout doit aller toujours plus vite. Il faut pouvoir postuler rapidement, il faut des process rapides mais la fidélité s’en retrouve éthérée ce qui nous place aujourd’hui dans une libre circulation des talents.

Une fois au sein de l’entreprise, la même exigence du tout instantané se retrouve. L’entretien annuel est perçu comme un calvaire car long et peu clair. Les RH se doivent de répondre le plus vite possible aux sollicitations de leurs populations. Les newsletter ne sont pas forcément lues car trop longues. De manière générale, tout doit être “KISS”: Keep it Simple and Stupid.

J’ai adopté le Slow Recrutement, et vous ?

Le recrutement a bien changé depuis les dernières années. D’une part, nous sommes pleinement entrés dans la « guerre des talents ». D’autre part, le recrutement prend de plus en plus son indépendance, désormais vraiment perçu comme un métier à part entière, distinct du métier de RH.

En avril 2019, j’ai eu la chance de participer à TruParis et d’animer un atelier sur ce sujet. Cette discussion a permis à certains d’entre nous de réaliser que nous faisons consciemment ou sans le savoir du « slow recrutement ». Qu’est-ce que cela signifie ?

C’est avant tout l’idée qu’un long process n’est pas forcément un mauvais process. Un premier appel de qualification du candidat peut être long s’il évite d’envoyer devant le manager des candidats qui ne parviendront pas à passer l’étape supérieure. Être plus lent peut in fine faire gagner du temps et réduire les coûts de recrutement.

De plus, le slow recrutement révèle une volonté de changer son état d’esprit pour le recruteur : on passe ainsi d’une logique de « non tu es refusé » à une logique de « pas maintenant ». Un candidat peut aujourd’hui ne pas être un “fit” avec les besoins de votre entreprise en revanche, il le sera peut être dans 3 mois, 6 mois, 1 an voire plus. Ainsi, le recrutement peut être pensé long terme et non plus seulement à court terme. 

“De plus, le slow recrutement révèle une volonté de changer son état d’esprit pour le recruteur : on passe ainsi d’une logique de « non tu es refusé » à une logique de « pas maintenant ».”

Mais comment adopter cette démarche en pratique ? Une des solutions peut être de s’approprier les outils des commerciaux (autre solution proposée à TruParis). Un recruteur peut emprunter le CRM de son Business Developer et créer un lien dans la durée. Cela peut aussi passer par des petits déjeuners et des déjeuners avec vos candidats ou les inviter à vos événements business. 

Traiter vos candidats comme vous traitez vos clients, ils vous le rendront !

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Du recrutement réactif au recrutement proactif 

En forçant les traits, le recrutement aujourd’hui s’apparente souvent au processus suivant. Un manager brief le recruteur sur un profil puis ce dernier rédige une offre d’emploi et la publie sur les différents job-boards. Plusieurs candidats postulent, certains entrent dans le process. Un seul est recruté. Les autres finissent dans la colonne « refusé » de votre ATS.

Le recruteur agit le plus souvent comme un pompier en « réaction » à une urgence. Il a donc pour objectif de clôturer des recrutements en privilégiant la quantité et la rapidité sur la qualité et l’excellence.

Et si l’on passait à un recrutement proactif où le recruteur travaille à préparer le futur ? Son quotidien est alors le quotidien d’un commercial ou d’un business developer qui occupe ses journées à créer, développer, entretenir et nourrir son réseau. 

Le recruteur se retrouve alors à entretenir un réseau de plusieurs dizaines de personnes fortement intéressées par l’entreprise, motivées à la rejoindre mais pour lesquelles il n’y a pas de besoin actuel en terme de séniorité et de compétences. 

Toutefois, plutôt que de mettre ces candidats sur la touche, il peut être pertinent de mettre les plus motivés d’entre eux dans votre réseau interne de candidats. 

Ainsi, le jour où votre manager a un besoin en recrutement, il est probable que l’un de ces candidats soit intéressé et s’il ne coche pas toutes les cases du manager, il sera en revanche déjà intéressé, motivé et pourra suivre au quotidien ce qui se passe au sein de votre entreprise. 

“Et si l’on passait à un recrutement proactif où le recruteur travaille à préparer le futur. Son quotidien est alors le quotidien d’un commercial ou d’un business developer qui occupe ses journées à créer, développer, entretenir et nourrir son réseau.

In fine, le recrutement passe du modèle fast-food avec des candidatures en masse, peu pertinentes et souvent traitées comme des “déchets” s’ils ne conviennent pas, à un recrutement circulaire. Avec le recrutement circulaire, un candidat refusé d’un jour devient le candidat accepté de demain. Un candidat qui vous dit non aujourd’hui vous dira oui demain. Un candidat trop peu expérimenté aujourd’hui ira se former ailleurs et reviendra vers vous s’il a été traité comme il se doit à savoir ni comme une ressource, ni comme un “déchet” mais pour ce qu’il est : un être humain !

Auteur(s)

  • Utopiste RH depuis que je suis tombé dans la marmite, je suis un fervent défenseur de la transformation du métier. Ma recette : Versez une bonne dose de passion pour mon métier, ajoutez un spider-sens toujours à l’affût des dernières innovations, saupoudrez d'une pointe de polémique, enfournez, c'est prêt !

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