Les classes virtuelles sont une modalité pédagogique qui connaît une popularité croissante ces dernières années, notamment avec la crise sanitaire. Elle consiste à créer à distance et en mode synchrone des conditions similaires à la classe en présentiel.
Les apprenants peuvent ainsi accéder à la formation, où qu’ils se trouvent. Mais avec une capacité d’attention virtuelle réduite, les éventuelles barrières technologiques, ou encore des interactions moins spontanées, elle comporte de nombreux défis.
Voici quelques conseils pour scénariser et animer une classe virtuelle efficacement.
Ne pas négliger la préparation
Mettez-vous dans la peau d’un chanteur qui va monter sur scène. Tout doit être parfait pour le jour J afin de délivrer la meilleure prestation possible et capter l’attention du public.
La meilleure technique pour ne rien oublier est d’élaborer une check-list et un fil conducteur pour suivre la progression de la classe et s’assurer de n’oublier aucune étape. Un peu comme un script au cinéma ou un prompteur à la télévision.
Pensez également aux apprenants qui, eux aussi, se posent des questions parfois purement logistiques : envoyez à l’avance les informations relatives à la classe virtuelle, la date et l’heure du rendez-vous, les règles et les bonnes pratiques. Surtout pour des populations non rompues aux usages du numérique, n’oubliez pas d’envoyer un guide d’utilisation pour les outils utilisés, l’accès aux principales fonctionnalités et une FAQ. Tout ceci nécessite du temps de préparation en dehors de celui de conception de la classe elle-même, soyez-en conscient.
Le petit truc en plus : envoyez un sujet de réflexion pour commencer à engager les apprenants avant même le début de la formation. Ce peut être une simple phrase, une citation, une vidéo, un mini-QCM, un article de blog, etc. Bref, du contenu qui incite à mettre le cerveau en action et aiguise la curiosité.
Plus court et plus concentré
Dans une enquête réalisée par l’ISTF en 2021 auprès de 350 professionnels de la formation, le péché mignon que tous s’autorisent à avouer est la tendance à « faire trop long ». La très grande majorité des professionnels de la formation s’accorde à dire que la durée idéale d’une classe virtuelle se situe entre 45 minutes et 2 heures, avec un point optimal sur 1 heure. C’est d’ailleurs le chiffre retenu par Amazon pour ses formations avec le principe du “one hour to say it all” (une heure pour dire tout ce qu’il y a à dire).
Oubliez donc les journées de formation en classe virtuelle, car il est difficile de maintenir l’attention des stagiaires sur une longue durée à distance. Mieux vaut privilégier un enseignement par petites touches.
Enquête ISTF 2021
Du contenu et encore du contenu
Tout ne peut pas se faire pendant la classe virtuelle. Le formateur doit prévoir du contenu à envoyer avant et après, et faire attention aussi bien au fond qu’à la forme : l’organisation d’une classe ou d’un module de formation virtuel demande de concevoir des unités de formation asynchrones, de type e-learning, rapid learning, video learning, etc.
La classe virtuelle peut même se positionner comme un complément à ces contenus afin de permettre à l’apprenant de poser des questions, clarifier des zones d’ombre, partager des expériences avec les autres, comprendre comment transposer les acquis dans son quotidien… Elle est également l’occasion pour le formateur de tutorer ses stagiaires sur le parcours et de s’assurer qu’il n’y a pas de risques de décrochage chez certains.
Chez Lululemon, la célèbre marque canadienne de vêtements de fitness et de yoga, les employés en magasins sont appelés “educators”. Ce sont eux qui sont chargés de faire découvrir les produits aux clients. Pour se former, ils ont un accès à une immense bibliothèque de contenus en ligne qu’ils sont fortement encouragés à visionner. Ce n’est que dans un second temps que leurs acquis sont validés lors de classes virtuelles.
Un bon outil de visioconférence
Le cauchemar de l’apprenant réside dans les difficultés techniques rencontrées. Et il est évident que si la simple connexion à la classe virtuelle est déjà une épreuve à elle toute seule, il est peu probable que la motivation des apprenants soit forte à leur arrivée dans la classe.
Il existe plusieurs outils de visioconférence, avec des avantages et des inconvénients pour chacun d’entre eux. Choisissez le vôtre en pensant à « l’expérience apprenant » : accessibilité à l’outil, qualité du son, possibilité de se connecter avec un smartphone, reconnexion facile en cas de déconnexion, etc.
En France, deux outils dominent les usages pour les classes virtuelles : Zoom et Teams. Paradoxalement, ce ne sont pas des outils dédiés à l’apprentissage, mais à la communication à distance. Les formateurs y superposent parfois des outils d’interactivité comme les tableaux blancs de Klaxoon ou les jeux/QCM proposés par Kahoot.
Scénariser pour plus d’interactivité
Lors d’une classe virtuelle, l’apprenant est chez lui ou au bureau, dans un environnement où il peut potentiellement être facilement distrait de votre animation. Le challenge principal du formateur est alors de capter et maintenir l’attention de l’apprenant sur l’écran.
S’il est évident que la formation requiert, de manière générale, des formats interactifs, c’est encore plus vrai en classe virtuelle. Le temps d’attention à un exposé théorique ne doit pas excéder une dizaine de minutes. Des exercices, des quiz, des questions ouvertes peuvent venir s’intercaler dans un contenu afin de garantir l’engagement de l’apprenant dans la séance.
En début de séance
L’engagement des apprenants démarre dès le début de la classe virtuelle ! Il s’agit de poser les bases d’une bonne expérience pédagogique avec une communication transparente. Préparez un petit message pour accueillir les élèves.
Une fois le groupe réuni, présentez-vous et exposez le déroulement de la séance. Il s’agit d’expliciter l’agenda du jour, les objectifs, mais aussi les bénéfices pour les participants.
Autrement dit, vous donnez du sens à leur apprentissage ! N’hésitez pas à insister sur la bonne mise en condition des apprenants pour qu’ils suivent la formation de façon optimale (isolation, bureau rangé, smartphone éteint ou en mode avion).
Chez EY, chaque classe virtuelle commence par un icebreaker ; idéal pour capter l’attention des apprenants et s’assurer que tout le monde est connecté.
Pendant la classe
Prévoir des temps d’échange : la formation à distance possède de nombreux avantages, mais à distance, les apprenants sont plus à même de décrocher facilement. Il est donc impératif de prévoir des temps d’échange réguliers, toutes les quinze minutes environ. Rythmez la classe virtuelle par de courtes pauses régulières dans votre intervention. Sollicitez les apprenants, posez des questions sur la thématique abordée et créez un environnement social qualitatif.
Vous pouvez également lire les questions des apprenants à voix haute et y répondre directement. Partagez les réflexions de vos apprenants disponibles sur le chat avec tous. C’est une très bonne manière de valoriser l’implication des personnes qui participent au débat.
Créez des ateliers de travail
L’échange peut aussi se faire autour d’ateliers de participation orale et écrite, de cas pratiques, de travail individuel, de retours d’expérience, de travaux de groupe… Les outils tels que le chat ou le mindmapping sont très utiles pour ce type d’interaction.
La collaboration et le partage de connaissance sont des moteurs forts d’apprentissage. Mettre en place des groupes de travail réduits crée davantage d’interaction humaine et aide les apprenants à échanger, ce qui dynamise leur point de vue sur les contenus pédagogiques. Appuyés et supervisés par l’enseignant, ils sont assurés d’avoir des réponses à leurs questions tout en discutant ouvertement d’un sujet qui prend un intérêt croissant à leurs yeux.
Travailler l’engagement
L’engagement des apprenants est défini comme « un degré d’attention, de curiosité, d’intérêt et d’enthousiasme que les élèves montrent ». On dit parfois que les apprenants ne peuvent être considérés comme engagés dans leur apprentissage que s’ils participent activement aux cours et s’intéressent réellement à leur propre éducation.
Il existe trois techniques d’animation, trois niveaux de dialogue en classe virtuelle que vous devez maîtriser et moduler.
Technique démonstrative
Elle correspond à l’intervention du formateur de manière structurée, complétée par un partage d’application avec les apprenants. Ces derniers ont la possibilité de prendre en main l’outil afin de s’exercer en direct. Elle se révèle très utile pour instaurer une forme de participation active, mais ne doit pas durer trop longtemps.
Technique interrogative
Elle permet de favoriser l’échange et de maintenir l’attention des apprenants en stimulant leur réflexion. Vous pouvez les interroger de manière globale ou nominative. Pour cela, deux solutions s’offrent à vous : le sondage pour obtenir l’avis des personnes à former (quiz, QCM, questions ouvertes) et le tour de table pour solliciter directement un apprenant ou proposer à chaque personne d’intervenir librement (utilisation de la fonction main levée sur la plateforme dédiée).
Technique participative
Elle tient une place importante dans le format de la classe virtuelle, car l’interactivité est optimale. Elle replace l’apprenant au centre de la formation. Plusieurs solutions sont envisageables, telles que le tableau blanc afin d’organiser l’information ; une sorte de brainstorming à distance où tout le monde peut intervenir ; le chat afin de laisser les apprenants poser leurs questions librement…
Le bon casting
Autre point important : nombre de classes virtuelles échouent d’un point de vue pédagogique parce que les apprenants n’ont pas été orientés vers le bon module en amont. Assurez-vous que chaque participant à votre classe virtuelle y trouve son bonheur et matière à progresser.
Enfin, le nombre de participants est un point à ne pas négliger. On considère qu’au-delà de dix apprenants, une classe virtuelle perd en fluidité et en efficacité (chiffres ISTF 2021). Les phases d’interactivité deviennent des foires d’empoigne et on a du mal à faire tenir la classe dans une fenêtre de temps imparti. À partir de quinze personnes, on parlera plutôt d’un webinaire — un séminaire en ligne — ou d’un keynote, permettant par exemple de faire appel à un expert qui s’adresse à un plus grand nombre de collaborateurs avec un éclairage plus large.
Auteur(s)
- Sarah Akel
Rédactrice en chef de Change the Work, j'explore le travail sous toutes ses coutures en espérant montrer l'importance du métier RH dans l'entreprise de demain...