Bonheur au travail : le succès du secteur public belge

Bonheur au travail : le succès du secteur public belge
En 2005, le Ministère de la Sécurité Sociale Belge se retrouve face à un véritable dilemme : il devient de plus en plus difficile de recruter et l’organisation souffre d’une image trop “vieillotte”. C’était sans compter sur l’arrivée de Laurence Vanhée, Directrice des Ressources Humaines, qui décide radicalement de transformer l’organisation du travail du ministère. Entre nouveau jargon institutionnelle et culture de la confiance, retour sur une révolution au sein du secteur public belge.

L’heure du bilan 

Conscient de la défaillance de son système de ressources humaines, le ministère de la sécurité sociale en Belgique décide de prendre les choses en mains. 

En effet, son nombre de fonctionnaires était désormais à la baisse tandis que, pour beaucoup, l’âge de départ à la retraite approchait. L’administration prévoyait 40% de perte d’effectifs pour 2015, et le recul flagrant des candidatures qui lui parvenaient ne s’avérait pas être en sa faveur. Face à cette situation critique, il était important pour l’organisation, concurrencée par les autres ministères, de se battre pour son attractivité et de trouver le moyen de conjuguer rentabilité et durabilité.

La clé de voûte ? La culture de confiance qui est venue remplacer la culture de contrôle et de commande, soutenus par un nouvel environnement de travail, un nouveau type de leadership, et de nouvelles valeurs : tous synonymes de bonheur au travail.

De DRH à Chief Happiness Officer

C’est ainsi que la première Chief Happiness Officer en Belgique est “née” au sein de leur établissement. En quatre ans, Laurence Vanhée révolutionne le concept des ressources humaines que le ministère préfère désormais qualifier “patrimoine humain”. La sécurité sociale belge, elle-même surprise des incroyables résultats de ses recettes, n’a pas manqué d’en faire les éloges.

D’ailleurs, les chiffres parlent d’eux-mêmes : le taux de démission baisse de 75%et le taux d’absentéisme réduit de 26%. Des chiffres soutenues par une hausse  des candidatures spontanées (augmentation de +500%) et des économies de 12 millions d’euros en termes de frais locatifs et associés. Aucune grève n’a secoué l’organisation depuis la restructuration de sa direction des ressources Humaines.

Ce succès ne s’est pas construit tout seul, quelles ont été les solutions “miracles” entreprises par la sécurité sociale belge ?

Bonheur au travail : au coeur des transformations organisationnelles

 

Bonheur au travail : Au coeur des transformations organisationnelles
Le ministère compte un leader sur deux de sexe féminin et 59% de ses fonctions supérieures sont occupées par femmes

Le problème d’attraction dont souffrait cette organisation semble être résolu aujourd’hui puisque, outre les chiffres déjà mentionnés, Laurence Vanhée affirme que 88% de la population du ministère se disent heureux à très heureux d’y travailler, et 84% recommandent le ministère à des amis. En termes d’égalité professionnelle, le ministère compte désormais un leader sur deux de sexe féminin, et 59% de ses fonctions supérieures sont occupées par femmes. Ce sont, pour le ministère, des indicateurs positifs qui démontrent que l’investissement dans le bonheur et l’épanouissement des collaborateurs est le facteur qui favorise au mieux la croissance, et est bien plus important que les stratégies basées sur la réduction des coûts, des processus, et la rareté des ressources nécessaires à son bon fonctionnement.

 

Cette nouvelle méthodologie de travail suit une équation simple : liberté = responsabilité. Elle offre aux collaborateurs le choix de pouvoir travailler quand, comment et où ils veulent : parmi les 1400 salariés, 69% travaillent en télétravail, trois fois par semaines, et les 8% qui ne peuvent pas travailler de chez eux, puisque le ministère a besoin de leur présence physique, bénéficient d’un supplément financier qui équivaut à 1h30 de travail par jour.

D’autres mesures organisationnelles sont mises en place de telle sorte que toutes les missions deviennent collectives. Chaque objectif rassemble les membres des équipes mobilisés avec la liberté d’indiquer la hauteur de leur contribution, mais aussi la façon de coordonner avec les autres.

Enfin, les évaluations individuelles disparaissent et laissent placent à des feed-backs à la fin de chaque projet. Tout le monde peut ainsi s’exprimer sur les points positifs ou négatifs perçus tout au long de leur mission. Laurence Vanhée affirme que “la pression sociale des pairs est le meilleur moteur pour donner le meilleur de soi-même”.

D’après l’ex-CHO du ministère, les collaborateurs “ont appris à se donner du retour avec bienveillance, à être autocritiques, à se dire ce qui va et, quand ça ne va pas, à ne pas chercher un coupable, mais la solution pour ne pas répéter l’échec”. Elle ajoute d’ailleurs qu’ils leur ont donné “le droit, non pas à la faute, mais à l’erreur” pour mettre l’accent sur la culture d’apprentissage et diminuer le stress, tout en évitant la démotivation.

Quand bonheur au travail et hiérarchie vont de pair

Bonheur au travail et hiérarchie peuvent aller de pair
Les “petits chefs”, avec la nouvelle réorganisation de la DRH, deviennent des “grands leaders”.

Certes, avec cette nouvelle organisation, il y a un bon degré d’autonomie à respecter et limiter. Il est vrai que les collaborateurs s’autogèrent dans leur travail, mais ils font partie d’équipes qui restent encadrées. Par qui ? Des petits chefs qui, avec la nouvelle réorganisation de la DRH, deviennent des “grands leaders”.

Ces derniers ont, aujourd’hui, un rôle qui pivote autour de trois missions principales :

  • Diffuser une vision inspirante pour dynamiser et motiver leur équipe,
  • Surveiller et analyser les résultats pour assurer des valeurs de qualité,
  • Faciliter la vie de leur équipe en s’assurant qu’elles disposent de ressources nécessaires pour la réalisation de leurs objectifs. 

Ils deviennent ainsi de véritables chefs d’orchestre. La nouvelle approche n’est donc pas centrée sur la hiérarchie ni l’individu, mais plutôt sur la dynamique de groupe. Le gain opérationnel minimum que le ministère note depuis tous ces changements est de 20%, ce système établit donc un équilibre entre bonheur pour les employés et performance pour l’organisation. L’environnement dans lequel ils baignent associe espaces de travail collectifs, de réunions, et de convivialité.

En 2012, le ministère a été récompensé à différents niveaux,  des récompenses qui témoignent du succès de cette nouvelle organisation du travail. Plus encore, la “responsable en chef du bonheur”, Laurence Vanhée, est élue “meilleure DRH de l’année”. Si aujourd’hui elle n’occupe plus ce poste et qu’elle n’a pas été remplacée, c’est parce que, désormais, tout fonctionne à la perfection. Depuis 2013, elle a son propre cabinet de conseil : Happyformance.

Auteur(s)

  • Passionnée par les innovations managériales et les éternelles révolutions du monde du travail, j'accompagne les sociétés dans l'évolution de leurs organisations et leurs pratiques. Bref, Tocqueville le jour, Hemingway la nuit !

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