Tous les ans des nouveaux métiers voient le jour, et si l’on doit croire la statistique de Pôle Emploi qui veut que 85% des métiers de 2030 n’existent pas encore, cela n’est pas prêt de s’arrêter. La filière RH ne fait pas exception avec l’apparition de métiers autour du bien-être ou encore du marketing RH. Aujourd’hui on se concentre sur un nouvel arrivant dans les services de formation : le Learning Community Manager.
Avec l’essor technologique et les réformes, le format des formations se modifie de plus en plus. Le e-learning et ses descendants (MOOC, SPOC etc.) ne sont plus à présenter et leurs lacunes non plus, notamment l’engagement des collaborateurs dans ce type de formation et le taux de complétude. Pour contrer ses freins les plateformes de formation ont tout d’abord mis en place des outils permettant de créer des interactions entre les stagiaires tels que des forums, des tchats, ou des services de messagerie. Mais ces derniers aussi utiles qu’ils soient, n’ont pas résolus à eux seuls le problème. Ils ne sont pas suffisant pour engager les stagiaires moins à l’aise avec le numérique et ils peuvent créer un sentiment de confusion chez certains devant l’ensemble de questions ou débats non organisés. C’est en constatant ces manques que le Learning Community Manager a fait son apparition sur les plateformes de formations à distance, avant d’arriver plus récemment dans les services de formation internes aux grandes entreprises.
Les missions du Learning Community Manager
Comme son nom l’indique le Learning Community Manager a un rôle proche du Community Manager. Celui-ci a pour charge d’animer une communauté virtuelle autour d’un intérêt commun : une entreprise, une marque… Il va notamment tweeter au nom de la marque, répondre aux questions des internautes ou même animer des débats entre internautes sur Facebook.
Le Learning Community Manager a la même fonction, mais appliquée à une formation : il doit créer une communauté d’apprenants et l’animer. Il peut intervenir sur une formation à distance de longue durée (s’étalant sur plusieurs semaines ou plusieurs mois) ou bien après une formation présentielle pour apporter des compléments d’information ou favoriser des échanges d’applications pratiques entre les stagiaires. La grande différence entre les deux métiers est que le LCM n’intervient généralement pas sur les réseaux sociaux publics mais plutôt à travers les outils d’une plateforme de formation.
Pour animer cette communauté il va apporter des ressources complémentaires aux apprenants (articles, vidéos, outils etc.), les tenir au courant de l’actualité en lien avec la formation, les encourager à suivre les cours, répondre à leurs questions, poser des questions, lancer des débats et dynamiser les échanges existants.
Le rôle du LCM en entreprise
La formation interne se développe de plus en plus ces dernières années et le flou autour de la réforme de la formation ne fait que l’accentuer. Il est après tout logique qu’une entreprise rassemblant plusieurs milliers de collaborateurs regarde en premier lieu en interne quand elle cherche une compétence spécifique. Favoriser la transmission transversale des compétences de l’entreprise permet aussi de ne pas perdre celles accumulées par les années de ses profils les plus expérimentés.
Mais plusieurs difficultés doivent être surmontées pour créer un cycle de formation interne efficace. La première est évidemment d’identifier les différents experts internes et de les faire monter en compétences pédagogiques pour les transformer en véritables formateurs. La deuxième, celle qui nous intéresse aujourd’hui, est d’engager les collaborateurs dans ces échanges de compétences, de s’assurer du transfert effectif des compétences et de leur application concrète par les apprenants.
Le Learning Community Manager apparaît donc maintenant dans les services de formation pour animer les communautés d’apprenants, faire le lien avec les formateurs internes, répondre aux questions, fournir des ressources, apporter un soutien technique et, in fine, créer de véritables communautés d’apprenants pouvant s’entraider sur l’application concrète de leurs nouvelles compétences. Son rôle est donc de remettre de l’humain dans des parcours parfois trop digitalisés et de tisser du lien entre les apprenants sur le long terme.
Comme le souligne Philippe Carré, docteur en sciences de l’éducation, « On apprend toujours seul, mais jamais sans les autres ».