Zappos est une plateforme américaine de e-commerce spécialisée dans la vente de chaussures et de vêtements basée à Las Vegas. Elle est l’une des plus grandes entreprises à avoir adopté l’holacratie, c’est à dire un mode de management…sans managers !
Il s’agit en effet d’une méthode d’auto-gestion à contre courant de la pyramide hiérarchique traditionnelle, qui repose sur l’horizontalité et où tous les collaborateurs se gèrent eux-mêmes, sans managers. Ce type d’organisation est alors moins centralisé et la décision revient aux mains des équipes.
Le PDG Tony Hsieh a décidé en avril 2015 de congédier tous les managers de leurs postes afin de faire disparaître la hiérarchie. Tout semble en apparence bien se présenter pour Zappos, mais alors pourquoi cette transition n’a-t-elle pas fonctionné ?
En effet, ce changement d’organisation soudain n’a pas convaincu tout le monde dans la société puisque 210 employés ont décidé de partir suite à la décision de Tony Hsieh, selon le Wall Street Journal, ce qui représentait 14% des effectifs. Avec cette initiative, l’objectif du CEO était de faire grandir son entreprise et de se démarquer dans le domaine du e-commerce qui ne cesse de se développer aujourd’hui avec Internet et les nombreuses innovations technologiques qui prennent forme jour après jour. Il voulait également que ses collaborateurs se sentent plus épanouis et moins restreints qu’avec la présence de managers au-dessus d’eux, supervisant tout et prenant toutes les décisions. Il voulait notamment développer leur créativité.
Cependant ce système rencontre des limites explique Nicolas Lochet, coach Agile chez Xebia, qui a analysé le cas Zappos dans un article en 2016. Comme expliqué ci-dessus, l’holacratie a pour but de supprimer la hiérarchie dans une entreprise parce-que cette dernière empêcherait d’être actif et démotiverait les employés. Or, Nicolas Lochet explique que ce “système mis en place pour remplacer la hiérarchie codifie tellement la façon dont les choses doivent être faites dans l’entreprise qu’il en devient le chef“.
Il s’agit en quelque sorte d’un cercle vicieux puisqu’en croyant sortir d’une organisation bureaucratique traditionnelle et stricte, les individus se retrouvent dans un modèle de direction en apparence plus flexible, mais ont l’impression que leurs décisions et comportements sont dictés par un système. Toujours d’après Nicolas Lochet, dans ces systèmes holacratiques, les réunions sont “extrêmement codifiées” et les employés n’ont pas toujours leur mot à dire ou le droit de prendre la parole et réagir quand ils le veulent : “ils ne peuvent le faire qu’à des moments spécifiques.”
De plus, selon Xavier Camby, dirigeant d’Essentiel Management, l’holacratie ne facilite pas réellement la prise de décision et augmenterait le nombre de réunions, ce qui aurait tendance à rendre les salariés plus stressés.
“Elle ne revalorise pas la personne humaine ni sa créativité, interdisant toute émotion dans nos interactions ou dans nos décisions.“
Xavier Camby estime qu’il est alors plus judicieux de former des managers de manière à ce qu’ils soient présents pour les salariés (comme des coachs) sans pour autant leur donner les pleins pouvoirs ni qu’ils soient trop autoritaires. Cela serait sans doute moins onéreux que de mettre en place un système holacratique, toujours selon lui.
Zappos a décidé de mettre de côté l’holacratie, même si l’entreprise a tout de même pu en tirer de bonnes choses. Comme l’explique Nicolas Lochet, il ne faut pas oublier le but pour lequel un tel système est mis en place, c’est à dire une liberté et plus d’autonomie accordée aux employés. Et lorsque “le système vient finalement nous contredire, il faut l’abandonner et passer à autre chose.” Malgré cela, Zappos reste tout de même une entreprise performante qui ne cesse de se réinventer et de s’inspirer des modèles d’entreprises libérées afin de continuer à se développer, tout en faisant du bien-être de ses salariés une priorité.
Source : http://www.atlantico.fr/decryptage/crash-reve-holacratique-groupe-americain-qui-avait-fait-pari-supprimer-toute-hierarchie-en-mord-serieusement-doigts-nicolas-2917428.html
Cet article a été mis à jour le 27/09/2018, découvrez comment Zappos n’a pas abandonné l’holacratie.
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Auteur(s)
- Change the work
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