Véritables usines à licornes (startups valorisées à plus de 10 000€), les startup studios sont aujourd’hui un incontournable de l’écosystème entrepreneurial. Pourtant, le concept est relativement récent. Dévoilé au grand jour en 2007 avec la création du premier start-up studio à Berlin par les frères Samwer, Rocket Internet, le concept n’en finit plus de faire parler de lui.
Clefs de lecture de ce nouveau modèle de création d’entreprise
L’idée de base derrière un start-up studio, venture builder ou encore venture studio est double :
- Ne pas se limiter à la création d’une seule startup à la fois et développer plusieurs entreprises en parallèle
- Capitaliser sur l’expérience et les ressources partagées pour lancer sa startup avec plus de chances de succès.
Si l’on en croit cette définition, il est alors assez facile de comprendre l’analogie suivante proposée par Attila Szigeti dans son ouvrage « Anatomy of a startup studio » : celle du startup studio et du studio de cinéma. En effet, ce dernier produit simultanément plusieurs films à l’aide de techniques similaires ayant déjà fait leurs preuves, par ailleurs se prémunissant du risque de faillite en cas de projet défaillant. De la même manière, un startup studio peut se targuer de développer plusieurs startups en même temps, offrant à chaque nouveau projet un ensemble de services et de ressources déjà opérationnels.
Un startup studio, c’est une startup qui monte d’autres startups
Ainsi pour résumer, un startup studio, c’est une startup qui monte d’autres startups en recrutant des “talents” entrepreneurs pour le faire. Nous avons échangé avec Fanny Le Gallou, Directrice de l’acquisition de talents chez eFounders, startup studio qui crée les outils de travail de demain.
Le concept startup studio c’est une startup qui monte des startups. En pratique, on identifie un “pain point” (un manque, un besoin) dans le quotidien des travailleurs et quand il n’y a pas de solutions qui existent sur le marché, on décide de lancer un projet dessus. On commence par chercher un “technical founder” qui va créer le produit, et un “business founder” qui va travailler sur le modèle de développement commercial. Puis, à mesure que le projet prend de l’ampleur, l’équipe se structure et se renforce en se dotant d’une équipe commerciale, d’une équipe marketing, et d’une équipe de service client. Au bout de 18 mois en moyenne, eFounders va aider la startup à lever des fonds afin qu’elle s’autonomise et vole de ses propres ailes. “
Si, avec la mise en place d’un CEO et un CTO par projet, eFounders insiste sur une indépendance forte chez chaque startup créée, ce n’est en aucun cas une obligation à laquelle chaque structure doit se plier. Chez Rocket Internet, par exemple, la société mère conserve une influence importante sur les licornes crées. En effet, avant la levée de fonds, elles sont détenues en majorité par Rocket Internet et gérées par des managers rémunérés par la détention d’une partie du capital de la startup. Néanmoins, chez chacun de ces startups studios on entend bien évidemment pérenniser les entreprises crées, veillant attentivement à leurs levées de fonds.
Chez eFounders qui définit les premiers besoins en amont ?
” C’est la “core team” (équipe transverse), dont je fais partie et où il y a les co-fondateurs, les partners et toutes les personnes expertes dans leur domaine et dont les projets ont besoin. Les membres de la core team partagent leur expertise – chacun sur leur secteur d’activité – afin d’aider le développement de la startup.
A titre d’exemple, mon rôle chez eFounders consiste à accompagner les startups dans leurs besoins en recrutement. Je rencontre en permanence de jeunes profils et j’essaye d’identifier les meilleures personnes pour les meilleurs projets ; nous cherchons avant tout les “softs skills”, des gens qui ont envie de révolutionner le monde du travail à travers leur projet. Tous ces candidats deviendront salariés de notre structure si on les recrute. Ceci jusqu’à ce que la jeune pousse lève des fonds et quitte eFounders. “
Il est donc assez simple de différencier incubateur, accélérateur ou encore fond d’investissement d’un startup studio. D’une part, alors que l’incubateur et l’accélérateur se focalisent surtout sur des projets créés hors de la structure qui les accompagne, les startups studios s’emploient habituellement au développement de projets nés en interne. D’autre part, contrairement à un fond d’investissement qui impose rapidement des contraintes de rentabilité sur la structure en création, les startups studios offrent plus de souplesse. Ainsi, outre un certain investissement financier (plus ou moins pérenne), les startups studio se caractérisent tout d’abord par une forte implication opérationnelle. L’infographie suivante permet de visualiser le positionnement des startup studios au sein de l’écosystème entrepreneurial.
Mais alors comment fait-on pour recruter pour des startups différentes dans la même entreprise ? Ont-elles toutes la même culture ?
” Absolument pas ! La culture se forme très tôt au sein de chaque projet et dépendra très largement des premiers membres à rejoindre l’aventure – soit en tant que fondateur, soit en tant qu’associate. Pour l’avoir vu chez plusieurs startups eFounders, il y a un déclic qui se fait dans chaque équipe et qui va la mener vers des parcours très différents – d’où l’importance du fit humain lors de la constitution des projets ! L’objectif est, pour chaque startup, de trouver des profils qui collent avec leurs valeurs et qui ont envie de révolutionner le monde du travail à travers ces dernières. “
Le startup studio serait-il donc la nouvelle solution miracle pour les entrepreneurs cherchant à développer des projets innovants à moindre risque ? Il est vrai que ce type de structure présente un avantage majeur en termes de stabilité financière et permet bien souvent d’éviter un ensemble d’erreurs assez basiques lors de la création d’une entreprise. Toutefois, il convient de ne pas idéaliser les startups studios. En effet, dans la majorité des cas, ces structures émanent de « serials entrepreneurs », ayant tous au préalable connu au moins un échec dans leurs projets de création d’entreprise. Au-delà des ressources opérationnelles et financières mises à disposition, la plus-value d’un startup studio se trouve avant tout dans l’expérience de l’entrepreneur.
Tour d’horizon de quelques startups studios à fort potentiel :
En France :
- eFounders est certainement la plus belle réussite de l’hexagone en matière de startup studio. Fondée en 2011 par Thibauld Elziere et Quentin Nickmans, le studio se veut l’ambassadeur des outils de travail de demain. Il arbore déjà un tableau de chasse bien rempli avec notamment Mailjet, une solution d’emailing marketing ou encore Textmaster, un service de traduction en ligne et plus récemment Spendesk qui entend ringardiser la carte bancaire en révolutionnant la gestion des dépenses en entreprise.
- Btwinz Ventures est un « Venture Builder » de tout juste 4 ans, fondé en 2013 par les frères Fredenucci. Il est dédié à la création d’outils SaaS (Service as a Software) pour les entreprises. Sa mission : « Faire réussir ses associés ». Le studio se targue donc d’être associé à 11 success stories dont Incremys, un outil d’optimisation de trafic organique ; Mazeberry, un outil d’aide à la décision marketing pour les annonceurs web et e-commerçants mais aussi d’Alphalyr, un logiciel de prédiction qui s’appuie sur le machine learning.
- AdVentures est le startup studio de l’entrepreneur Antoine Duboscq qui a vu le jour en 2010. Chez AdVentures les projets sont imaginés directement pour être propulsé sur le marché mondial et opèrent sur des secteurs très diverses. Ainsi on retrouve des solutions collaboratives tel que WIMI mais aussi des projets liés à l’ingénierie génétique ou encore au marché de l’art avec Uart par exemple, une plateforme internet facilitant le partage de collections entre artistes, galeristes et collectionneurs.
À l’étranger :
- Rocket Internet reste l’incontournable de l’écosystème des startup studio. Fondé en 2007 à Berlin et spécialisé dans le eCommerce, la structure est à l’origine du service de livraison Foodpanda ; du plus grand eCommerce de mode en Amérique Latine, Dafiti ; mais aussi de la startup healthy de livraison de repas, HelloFresh. Sa stratégie : identifiez des business models au succès prouvé puis les répliquer à de nouveaux marchés non-encore pénétrés et les transformer en entreprises dominantes du marché du eCommerce. Son entrée en bourse en 2015 ne fait que confirmer son succès fulgurant.
- BetaWorks est un startup studio basé à New-York depuis 2008. Cette entité, qui se veut l’ambassadrice du social web, à la croisée entre la technologie et les médias détient à ses actifs quelques une des plateformes sociales les plus connus : Giphy, Twittdeck, Bitly ou encore Medium pour n’en citer que certaines.
- Expa est le venture studio à l’origine du service qui a révolutionné l’univers des VTC : Uber. Crée en 2013 à San Francisco, cette structure se concentre que sur quelques projets à la fois et possède aujourd’hui une douzaine d’entreprises florissantes à son actif dont la plateforme de partage, Kit.
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