Il est encore difficile d’assumer sa sexualité sur son lieu de travail lorsque l’on fait partie de la communauté LGBT. Si 80% des LGBT se disent prêts à révéler leur orientation sexuelle au travail, seulement 1 personne sur 2 l’a réellement fait, dévoile une récente étude du Boston Consulting Group. Un premier paradoxe qui vient confirmer la frilosité et l’incertitude que vivent les LGBT au quotidien.
À l’occasion de la Journée Internationale du Coming out (le 11 octobre dernier), le Boston Consulting Group (BCG) dévoile la 4e édition de son baromètre sur les perceptions et attentes des LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres) dans le monde professionnel. Une enquête réalisée auprès de 4000 personnes, de 60 nationalités différentes dans plus de 10 pays. Pour la première fois, l’étude est menée avec le soutien avec TÊTU pour la partie française, premier média de la communauté LGBT en France.
La France, 7e sur 9 au classement
Malgré l’engagement de certaines entreprises en France, il semblerait que le chemin est encore long pour retenir les talents LGBT+.
L’enquête révèle des disparités selon les pays qui ne sont pas au même niveau de maturité lorsqu’il s’agit d’intégration professionnelle. D’ailleurs, la France fait figure de mauvaise élève. Elle arrive 7ème sur 9 concernant l’intégration professionnelle des LGBT. En effet, seulement 75% des LGBT+ se disent à l’aise en milieu professionnel, ce qui place la France assez loin derrière le Royaume-Uni et les Pays-Bas (90%), mais devant l’Italie ou l’Espagne.
« Malgré une tendance positive à l’inclusion des LGBT, il y a encore un net écart entre les intentions et les faits », détaille Thomas Delano, consultant chez BCG.
Ambition professionnelle VS orientation sexuelle
L’enquête affirme que les LGBT « font quotidiennement face à des situations ambiguës dans leur univers professionnel » :
35% des répondants pensent qu’être ” out ” dans le milieu professionnel serait un frein dans leur carrière professionnelle. Et cette crainte se manifeste d’autant plus que certains seraient prêts à mentir à leurs collaborateurs : 46% mentent volontairement sur leur orientation sexuelle à leur manager lors d’une discussion informelle.
Plus troublant dans cette étude : 13% des personnes LGBT+ interrogées expliquent qu’elles seraient prêtes à privilégier leur ambition professionnelle et à accepter de travailler dans un pays où l’homosexualité est criminalisée.
Le secteur public plus attractif que les start-up
Les entreprises du secteur public et celles à but non lucratif apparaissent bien plus attractives pour les talents LGBT, avec respectivement 6 et 10 points de plus que les répondants non-LGBT. L’enquête révèle ainsi si les grands groupes voulaient séduire un plus grand nombre de talents, des efforts restaient à faire.
58% des répondants LGBT aimeraient travailler dans un grand groupe, soit 11 points de moins que pour les non-LGBT. Les start-up sont également à la peine, attirant 19% des répondants LGBT (contre 26% des non-LGBT).
Et enfin, le baromètre informe sur l’importance de la culture inclusive de l’entreprise. Ce sentiment de mal-être dans les entreprises montre que ces dernières ont encore des progrès à faire pour devenir attractives pour les personnes LGBT+.
Par exemple, si 58% des LGBT+ aimeraient travailler dans les grands groupes, c’est 11 points de moins que pour les non-LGBT+.
” Pour attirer les jeunes LGBT +, il ne suffit pas de penser au recrutement, il faut s’assurer de leur offrir un environnement de travail à la hauteur de leurs attentes, avec des actions concrètes leur permettant de réussir leur vie professionnelle. À cet égard, nous encourageons, par exemple, la constitution de réseaux pour aider notamment à trouver des solutions aux difficultés encore rencontrées, tant en interne qu’au cours des travaux conduits chez nos clients ” estime Jean Mouton, Directeur Associé Senior au BCG.
Méthodologie :L’étude a été menée entre juillet et septembre 2018 sur plus de 4000 personnes dans 12 pays différents (France, Allemagne, Pays-Bas, Royaume-Uni, Espagne, Italie, Brésil, Etats-Unis, Mexique, Autriche, Suisse et Canada). Les personnes interrogées étaient des étudiants et jeunes actifs de moins de 35 ans majoritairement LGBT+.
Auteur(s)
- Sérine Akar
Ancienne de la presse écrite, j'ai été frappée de plein fouet par la vague du digital. Passionnée des nouveaux usages qu’impliquent le numérique, je suis aujourd’hui Rédactrice web et en quête perpétuelle des nouvelles pratiques qui redéfinissent le travail de demain.