A l’heure où les femmes se sentent discriminées dans le monde de la science, la première image d’un trou noir a été reconstitué grâce à l’algorithme d’une ex-étudiante de MIT, Katie Bouman.
Zaha Hadid, une architecte urbaniste irako-britannique de renommé internationale a dit : « Je n’aimais pas être appelée une « femme architecte ». Je suis un architecte, pas seulement une femme architecte, les gars me tapaient sur la tête et me disaient « ça va pour toi la fille ». Mais je vois une quantité incroyable de besoin de la part des autres femmes pour être rassurées sur le fait que cela peut être fait, alors ça ne me dérange plus ». Malgré que les femmes soient souvent en tête de classe à l’école et à l’université dans les matières scientifiques, ce n’est pas pour autant une cause suffisante pour qu’elles s’engagent dans la science. La cause ? Les obstacles placés devant elles : le stéréotype selon lequel la science est toujours perçue comme une activité attribuée aux hommes, les idées reçues, un sexisme, une forme d’autocensure.
Pourtant, certaines femmes dans le monde ont décidé de surmonter les défis imposés par les hommes et la société. C’est le cas notamment de Shafica Karagulla (1914-1986) qui a été diplômée en médecine en 1940 de l’American University of Beirut en 1940 à une époque où le rôle des femmes était de fonder une famille. La psychiatre et l’auteur de plusieurs livre a reçu le prix « The Walter Smith Kay Research Fellowship in Psychiatry and the Lawrence McLaren Bequest » par l’Université d’Edimbourg.
Les femmes ne cessent de briller dans la science. Nouvel accomplissement : la première image d’un trou noir qui a été dévoilée le 10 avril grâce au projet international de l’Event Horizon Telescope (EHT) et qui a mobilisé 200 chercheurs et 8 télescopes.
Un algorithme, développé par Katie Bouman lors de son master en informatique au MIT il y a trois ans, a joué un rôle central pour reconstituer cet image. Il a trié les parasites et a extrapolé les zones manquantes. En appliquant des techniques de « machine learning », il s’est entraîné à reconstituer des milliers d’image du quotidien puis a été appliqué à l’image parcellaire du trou noir.
La contribution de cette femme a été largement saluée sur Twitter par l’université. Le MIT a d’ailleurs fait le parallèle avec Margaret Hamilton (MIT Computer Scientist) à côté de la pile gigantesque du code informatique qu’elle avait écrit pour la mission Apollo.
Féminiser les entreprises scientifiques : une lutte ardue
Pour encourager les filles à travailler dans le domaine scientifique, les RH des entreprises ont pris conscience qu’il fallait les attirer dès leur plus jeune âge. Pour les séduire, les sociétés vont dans les collèges et les lycées pour les informer sur les travaux scientifiques et promouvoir l’apprentissage des codes de programmation. Le travail de sensibilisation commence donc tôt. Les sociétés telles que Airbus, Safran, Thales, Dassault interviennent dans le secteur de l’éducation pour casser cette image masculine négative.
Creusons dans le détail de cette initiative. C’est une méthode adoptée par Alten, une entreprise qui compte près de 90% d’ingénieurs, un métier où généralement les femmes sont sous-représentées. Cette société d’ingénierie et de conseil de technologies qui recrute près de 2500 ingénieurs chaque année, a développé une « politique RH volontariste pour recruter, intégrer et fidéliser des femmes aux postes d’ingénieurs ». Pour parvenir à encourager les carrières des femmes ingénieurs, Alten a multiplié des actions (des formations de « leadership au féminin ») qui ne se limitent pas aux collaborateurs, elle s’adresse même aux Lycéennes, aux stagiaires, aux apprenties, aux salariés…
Cette entreprise a donc choisi de briser la surreprésentation des hommes dans le monde scientifique en informant les jeunes (et leurs parents) dans les écoles sur les carrières d’avenir que l’entreprise propose. En outre, dans le but de promouvoir le secteur numérique et faire prendre conscience que « les métiers des nouvelles technologies sont tout aussi importants que les médias, le sport ou la culture », Alten s’est associé au Trophée Excellencia pour récompenser les lycéennes, étudiantes, femmes entrepreneuses et celles qui sont investies dans une action sociale ou humanitaire qui est en lien avec le monde numérique.
La même démarche est adoptée par Frédérique Dofing, directrice générale du fournisseur d’accès Céleste, opérateur télécom français spécialisé dans les offres très haut-débit pour les entreprises. « Je vais dans les écoles pour parler de l’évolution des femmes dans le secteur numérique et de mon parcours. Il est important d’expliquer que les fonctions informatiques ne nécessitent pas forcément des compétences techniques : dans la fibre par exemple, plusieurs métiers pourraient être exercés par des femmes à l’instar de celui du conducteur de travaux ».
Des femmes scientifiques sont récompensées
Depuis la création du prix en 1901, une cinquantaine de femmes ont été lauréates de prix Nobel scientifiques, ce qui représente près de 5% des nobélisés. La première à recevoir le Nobel de physique en 1903 est Marie Curie. Cette physicienne affirmait qu’elle était de ceux « qui pensent que la science est d’une grande beauté. Un scientifique dans son laboratoire est non seulement un technicien : il est aussi un enfant placé devant des phénomènes naturels qui l’impressionnent comme des contes de fées ». Les femmes sont plus fréquemment récompensées pour des actions en faveur de la paix et la littérature.
Même cas pour celles qui reçoivent le prix L’Oréal-Unesco (chaque année 30 lauréates scientifiques sont données). Notons que le « programme L’Oréal-UNESCO Pour les Femmes et la Science » a été créé en 1998 pour faire assurer une représentation équitable des femmes dans toutes les disciplines scientifiques. Jean-Paul Agon, PDG de L’Oréal explique que « notre monde en pleine transformation n’a jamais eu autant besoin des femmes et de leurs découvertes ».
En conclusion, l’histoire le démontre, le travail des femmes dans le domaine des sciences n’est pas souvent reconnu à sa juste valeur. Les femmes restent donc en retrait dans les domaines scientifiques malgré leurs brillantes contributions qui ont fait avancer la science et guider la communauté mondiale sur la voie du progrès. Les récompenses sont tout de même un support moral pour les femmes afin de les encourager à exercer les professions scientifiques. Pour Heidi Hartmann, directrice de l’institut de recherche Women’s Policy Research : « les femmes ne veulent plus qu’on se concentre sur les changements qu’elles doivent apporter à leur conduite mais plutôt sur un changement profond de la société ».