La charge de travail : entre plaisir et souffrance

la charge de travail entre souffrance et plaisir

Le travail comme plaisir ou comme souffrance ? Comme fardeau ou comme opportunité de laisser libre cours à sa créativité ? Deux théories qui conduisent à deux comportement différents face la charge de travail. Deux théories, appelées X et Y par le professeur de management Douglas McGregor (X étant celle où le travailleur déteste le travail, et Y celle où au contraire il l’adore). La RH connaît aujourd’hui de nouvelles tendances prompts à développer le bonheur au travail. Mais les résultats diffèrent selon qu’ils partent de la théorie X ou Y. Voyons de plus près quelles sont les conséquences du choix par la RH de l’une ou de l’autre des théories.

Une charge de travail trop importante est vectrice de souffrance au travail

De nombreux articles, livres et vidéos nous informent quotidiennement des risques liés à une charge de travail trop importante. Le burn-out, les risques psycho-sociaux : autant d’éléments qui portent atteinte à la santé mentale ou physique de l’employé. Autre grand thème : le stress au travail, ou « le management par le stress » selon l’expression consacrée. Car, à choisir entre le loisir et le travail, l’homme choisira toujours le loisir. C’est en tout cas l’idée que l’on s’est fait du travail pendant un très long moment : pour compenser la pénibilité du travail, furent offertes et négociées des contreparties destinées à les soulager, c’est ce qu’on appelle les « acquis sociaux », dont la semaine des 35h est le symbole. Néanmoins, beaucoup de changements affectent les mentalités, comme par exemple la révolution entrepreneuriale, qui voit dans le travail une aventure et un moyen de se réaliser : la charge de travail ne serait plus un fardeau mais un objectif en soi qui dépasse la sphère du travail. Cette vision affecte tout de même très peu le salariat.

Fun at work
Ce dernier est resté encore dans une vision binaire qui consiste à arbitrer entre d’une part le loisir, et d’autre part le travail. C’est dans cette mouvance que s’inscrivent les engagements de lancer des activités « ludiques », « fun » ou « collectives ». Selon un article écrit par plusieurs chercheurs américains, ces activités ne favorisent pas la cohésion dans le groupe : beaucoup d’employés sont même agacés par ce genre d’initiatives (installer un baby-foot au milieu d’un bureau, organiser des matchs entre plusieurs départements pour « désamorcer » les tensions entre les groupes…) et pire : l’organisation de telles activités ferait perdre de l’argent à l’entreprise (leur objectif étant pourtant le contraire : favoriser le bonheur de l’employé pour qu’il travaille mieux !). Mais alors, que faire ? Il faut lancer une véritable politique de management, et ne pas ne pas accepter l’équation « travail = souffrance ».

Faire le pari que la charge de travail est vécue plutôt comme un plaisir

La RH a progressivement fait le pari qu’un homme pouvait se développer en travaillant, voire même éprouver du plaisir. De là sont progressivement mises à l’écart les techniques organisationnelles hiérarchiques au profit d’autres comme l’holacratie, l’entreprise libérée… L’exemple de Sogilis, une PME née « libérée », est parlant : pas de règles informelles fixées par le manager (comme les horaires, les lieux de travail…) et il n’y a même pas de département de RH ! Cela dit, il ne s’agit pas de défendre la suppression d’un tel organe de l’entreprise : la RH reste évidemment nécessaire dans les grands groupe les exigences sont toutes autres, mais celle de « bonheur » au travail reste une problématique clef.

charge de travail

Mais le pendant du plaisir lié à une charge de travail élevée est l’addiction. Avec les téléphones et les mails, le lien avec le travail n’est jamais réellement coupé, et de même, beaucoup ne savent plus trop quoi faire le moment des vacances arrivé. Sandor Ferenczi, dans Les névroses du dimanche, avait déjà perçu ce phénomène en 1919 !

Les médecins du travail connaissent bien ce problème : d’abord, l’employé dépense beaucoup d’énergie dans sa tâche, et son entourage parvient à l’accepter. Ensuite, il devient irritable, s’éloigne de plus en plus de sa famille. L’angoisse, la fatigue commence à se faire sentir et la santé finit par être gravement atteinte. Selon un sondage d’OpinionWay de 2015, mené sur un échantillon de 1016 salariés français : 49% considèrent leur métier comme un plaisir (surtout dans les TPE, où 64% d’entre eux ont répondu par la positive). Cela légitime donc bien la théorie Y du travail. Aussi, 39% ont déclaré être addicts au travail, et ¾, avoir connu une charge de travail trop élevée conduisant à l’épuisement (mais, fait intéressant, ceux qui disaient éprouver du plaisir à travailler ont rarement ressenti de l’épuisement).

Faire le choix de la théorie Y, c’est-à-dire celle où le travailleur peux prendre du plaisir à travailler, c’est tout d’abord éviter de faire dans la demi-mesure et de se fourvoyer en croyant qu’il suffise de rajouter quelques espaces de loisir pour compenser l’horreur du travail… C’est aussi rendre possible, par une organisation managériale d’ensemble, l’épanouissement du travailleur au sein de sa structure en lui déléguant des responsabilités, en favorisant ainsi la confiance au sein de l’équipe.

Auteur(s)

  • Je suis surtout passionné de littérature, de philosophie et de bandes-dessinées. J’ai aussi choisi d’écrire dans ce journal par intérêt pour l’écriture et pour les pratiques nouvelles du monde du travail.

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